Le silence régnait dans la bibliothèque. Accompagnée d'une de ses camarades de Spica, Ebisu marchait au hasard dans les allées, sans vraiment savoir ce qu'elle cherchait ni les raisons de sa présence ici. En réalité, son amie lui avait proposer de l'accompagner à la bibliothèque pour qu'elle puisse y emprunter un bouquin et, comme elle n'avait rien d'autre à faire, la cinquième année avait accepté. Mais face au calme ambiant, sa bonne humeur avait vite chuter, laissant place à un ennui profond. En même temps, elle s'attendait à quoi ? De voir des filles en maillot de bain danser sur les tables et entre les allées avec des encyclopédies dans les mains ? Non, elle était dans une bibliothèque, c'était logique.

Observant un instant sa camarade qui s'était arrêtée, elle se décida à chercher un moyen de mettre un peu d'ambiance dans ce lieu morne. L'appel des ennuis n'était jamais bien loin pour elle. Et puis, cela faisait un moment qu'elle ne s'était pas faite prendre en plein méfait, une punition ne lui ferait pas de mal. Ainsi, son sourire moqueur revint à vitesse grand V sur ses lèvres. Cette petite virée à la bibliothèque n'allait pas être si ennuyante que ça au final. Elle attrapa donc sa camarade pour l'entraîner dans d'autres allées alors que cette dernière protestait.

« - On va aller dans un rayon plus intéressant, histoire de s'amuser un peu. Je suis sûre qu'il y a des romans érotiques ici. »

Quoi de mieux dans une bibliothèque que de faire la lecture à voix haute de choses légèrement tabou ? Depuis le temps qu'elle était à l'académie, la jeune fille aux cheveux roses avait vite compris que les filles ici étaient très prudes et naïves. Certaines avaient beau sortir avec leurs camarades, cela restait de simples amourettes pures et innocentes. Alors, imaginez un peu ce que c'est quand on commence à parler de sexe avec des minettes pareilles. Evidemment, la Spicoise n'en parlait pas à n'importe qui, elle avait un minimum de décence. Mais même les filles avec lesquelles elle était plus proche lui disaient que ce n'était pas "convenable". Un balais dans le derrière, aucun doute là-dessus.

Elle arriva dans une allée et commença à lire les titres sur les relieurs en passant son doigt dessus. Des romans à l'eau de rose visiblement mais rien d'érotique. Tant pis, ça fera l'affaire. Elle pourra se moquer de l'amour niais qui dégoulinera à l'intérieur. Elle en prit deux au hasard, en offrit un à son amie qui ne semblait pas comprendre où elle voulait en venir et se dirigea vers les tables un peu plus loin où quelques élèves lisaient des livres ou faisaient leurs devoirs. Le bon moment pour faire une entrée des plus remarquées.

« - Faites place ! s'exclama-t-elle en levant les bras, victorieuse. »

C'était ridicule, évidemment, mais c'était le but recherché. Des regards se tournèrent alors vers elle, choqués, mais elle n'en eut cure. Sa camarade lui donna un coup de coude, lui intimant de rester calme afin d'éviter les ennuis mais, fidèle à elle-même, Ebisu l'ignora pour aller s'asseoir à une des tables. Posant le livre sur le bois lisse, elle l'ouvrit et chercha un passage des plus mielleux. Elle rit en trouvant les paroles d'un personnage. De façon théâtral, elle posa sa main sur son coeur, sans s'arrêter de rire.

« - Oh, mon amour, ne me quitte pas, je ferais tout pour te garder près de moi ! récita-t-elle entre deux rires. »

Bien sûr, ce n'était pas très réussit, elle n'avait jamais été douée pour le théâtre il fallait dire. Sa camarade la regarda en haussant les sourcils avant de pouffer de rire face à sa bêtise. Elle lui intima néanmoins de nouveau de baisser le ton, sentant le regard d'autres filles sur elles.

« - C'est bon, si on ne peut même plus parler hein ! »

Elle pouvait vraiment se montrer odieuse afin de s'occuper. Une chieuse en herbe. D'un seul regard à l'assemblée, elle défia quiconque de se plaindre de la situation. De toute façon, cet endroit méritait bien d'être égayé un minimum, et c'était seulement pour quelques minutes. Elle se doutait qu'elle finirait par s'en lasser et irait trouver une occupation ailleurs. Alors, son manège ne durera pas longtemps. Elle reporta son attention sur le livre, tourna quelques pages et se remit à rire en lisant un longue réplique, horriblement niaise. Pourquoi cette femme s'entêtait-elle à récupérer son mari ? Il ne l'aime plus, il ne l'aime plus ! C'est comme ça. Ridicule.

Alors que la cinquième année récitait à nouveau des paroles mielleuses, une jeune fille de Miartre la coupa durant sa tirade pour lui proposer d'emprunter le livre et ainsi pouvoir le lire ailleurs. En somme, c'était une façon plutôt polie de lui dire de foutre le camp. Avec un sourire, la Spicoise leva la tête vers elle. Visiblement, elle était beaucoup plus jeune qu'elle. Petite, brune, avec des lunettes, certainement de vue, elle devait être en première ou en deuxième année. Alors parmi toutes les filles, c'était elle qui avait le cran de venir la remettre à sa place ? Ou alors on l'avait simplement chargé du sale boulot parce que les autres avaient la trouille. Faisait-elle aussi peur que ça ? Mais non, bien sûr que non, c'était simplement son charme naturel qui intimidait autrui. Et son arrogance. Bref.

Reportant son attention sur le livre, elle fit semblant de réfléchir tout en tournant les pages. Elle n'avait pas envie d'arrêter ses idioties maintenant. Et l'arrivée de cette jeune fille allait peut-être lui permettre de s'amuser encore plus. Elle finit donc pas hausser les épaules, désinvolte.

« - Il ne m'intéresse pas, je m'amuse simplement à m'en moquer. Et sans public, il n'y a plus d'intérêt à le faire. »

La main contre sa joue, elle posa son coude sur la table afin de s'y appuyer dessus et ses yeux retournèrent sur la nouvelle arrivante. Elle constata par la même occasion que certaines filles étaient partit, ne laissant plus qu'un poignée d'étudiantes. Cela eut le don de faire sourire la jeune fille aux cheveux roses. Elles ne savaient vraiment pas s'amuser ici ! Et n'appréciaient pas ce qui sortait de l'ordinaire apparemment. Un peu de nouveauté et d'activités mouvementées ne font pas de mal.

« - Du coup, qu'est-ce que vous allez faire pour essayer de me faire sortir d'ici ? »

Encore ses maudites "bonnes manières". Haussant un sourcil avec un sourire en coin, elle ne lâcha pas du regard la brunette, attendant de connaître son plan. Enfin, si elle en avait un.

Amusée, Ebisu écouta sa jeune camarade lui faire part de ses solutions pour qu'elle cesse ses idioties. Visiblement, la brunette avait l'intention de rester sérieuse jusqu'au bout. Dommage, la Spicoise aurait bien aimé lui faire perdre son sang froid, histoire de rendre le jeu plus amusant. Mais n'était-ce pas un nouveau défi qui se présentait juste sous son nez ? Oui, des défis, elle en voyait de partout. Et ça, c'était plus fort qu'elle, évidemment. Mais elle aimait ça. Sans ça, son quotidien serait bien morne, fade et sans intérêt. Une vie des plus banales en somme.

Alors que la cinquième année allait répliquer, la Miartroise lui tendit un livre et la remarque qui s'en suivit fit froncer les sourcils de la jeune fille aux cheveux roses. Un conseil de trop peut-être. La prenait-elle donc pour une idiote, à s'entêter pour qu'elle fasse une critique réussie de ce bouquin ? Ou même à s’imaginer qu’elle n’en était pas capable ? D'autant plus que ce n'était pas du tout son but. Se moquer l’était, elle l'avait bien précisé. Croisant donc les bras, Ebisu toisa son interlocutrice, n'appréciait pas le ton qu'elle employait.

« - Je me fiche complètement d'aborder une critique convenable de ce torchon. Je ne fais que m'amuser en m'en moquant. Pourquoi ne pas rester dans la simplicité ? Franchement, vous ne savez pas vous amuser ici. »

Lâchant un soupir, elle refusa d'un signe de la main le livre que lui tendait la brunette. Un peu plus et elle finirait par s'énerver. Au final, ce n'était pas si distrayant que ça. Quoique… Démarrer au quart de tour n’était peut-être pas la solution pour rendre la situation plus amusante. Cette petite ne pouvait pas se montrer tout le temps aussi calme, si ? Et si elle creusait plus loin ?

« - En somme, je ne cherche qu’à me divertir, rien de plus. Inutile de me casser la tête avec des clubs de littérature et j’en passe. Ça ne me fera certainement pas changer d’avis. »

Elle ponctua ses dires avec un sourire. Si elle ne se rendait pas à l’évidence avec ça, elle ne savait plus quoi faire. Franchement, elle avait mieux à faire que de critiquer un livre dans les règles de l’art. Glissant son bras sur le dossier de la chaise, elle pivota afin de faire face à sa cadette.  

« - C’est dommage hein ? Je vais encore continuer à embêter le monde pendant de longues minutes déclara-t-elle d’un sourire moqueur. A moins que je trouve quelque chose de plus amusant. »

Et dans quelque chose de plus amusant, elle entendait une discussion avec cette jeune bibliothécaire qui avait certainement le potentiel pour la divertir. Après tout, un bavardage c’était beaucoup plus intéressant que de lire un livre aussi ennuyant et écœurant que celui qu’elle avait dans les mains. Sans parler de sa camarade de Spica dont elle connaissait déjà toutes les facettes. Alors oui, il y avait possibilités de s’amuser avec cette Miartroise, du moins elle l’espérait. Et donc, quelques questions s'imposaient afin d'entamer une discussion, qu'elle attendait intéressante.

« - Alors, vous avez préféré travailler à la bibliothèque plutôt que d'être au service de vos aînées ? Et visiblement, vous avez été chargée du sale boulot. C'était quoi leur excuse ? »

Ebisu savait parfaitement bien qu'elle ne devait pas être la seule à s'occuper de la bibliothèque. Et elle était au courant des services que devaient rendre les premières années. Heureusement qu'elle avait évité ça, elle ne se voyait pas du tout s'occuper de cette bibliothèque ou de jouer les bonnes auprès de filles plus âges. Elle ne savait pas vraiment en quoi consistait ce "travail" mais comme tous, il devait être bien ennuyant. Était-ce la raison pour laquelle cette jeune fille avait opté pour la bibliothèque ? Ou préférait-elle simplement la compagnie des livres, ce genre de choses ? Bah, elle le saura quand elle lui répondra pardi.

Ah, voilà, c'était le mot, domestique. Ça sonnait encore plus mal comme ça pour tout dire. Franchement, quel genre d'établissement scolaire faisait des trucs pareils ? On était au XXIème siècle tout de même ! D'accord, il fallait garder certaines coutumes, l'histoire, tout ça, mais il y avait tout de même des limites. En tout cas, c'était de cette façon que la Spicoise voyait les choses. Mais cela ne gênait personne ici visiblement. Elle avait eu l'occasion de parler à des premières années et mêmes des plus âgées qui lui avaient dit que cette expérience avait été très bénéfique. Bénéfique en quoi ? Tu apprenais simplement à être le toutou d'une fille.

La jeune fille aux cheveux roses ne releva pas lorsque sa cadette insista de nouveau sur le livre dont elle faisait l'éloge. Visiblement, cette jeune Miartroise appréciait la lecture, mais dans son aspect analytique, contrairement à la cinquième année. Elle lisait les livres simplement pour le plaisir d'être emportée dans une histoire, de se déconnecter de la réalité quelques heures, de revêtir la peau de quelqu'un d'autre. Un moment d'évasion rythmé de mystère de d'action puisqu'elle était friande de romans policiers. Deux points de vues différents se rejoignaient donc. Ebisu aimait bien rencontrer des personnes dont les avis différaient des siens. Ça lui ouvrait de nouveaux horizons. C'était toujours mieux que de parler à des copies conforme d'elle-même en ce qui concernait les goûts.

« - Ce n'est comme si vous aviez le choix, si ? demanda-t-elle après qu'elle lui ai expliqué la raison pour laquelle elle occupait le poste de bibliothécaire. »

Parce que, si elle ne se trompait pas, les première années étaient obligées de choisir entre les deux options qui s'offraient à elles. Elles ne pouvaient pas décider de ne rien faire. Ou, encore une fois, l'aînée n'avait pas fait attention à ce qu'on lui avait dit. Certainement trop occupée à penser à des choses plus intéressantes à ses yeux. Un rire s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle entendit l'excuse de ses camarades. Un grand classique. Franchement, elles manquaient grandement d'originalité ici.

« - Ça, c'est la version officielle. Je pari qu'elles n'avaient pas quelque chose de si important à faire. Ce n'est pas comme si vous aviez beaucoup de travail ici. Et ne vous en faites pas pour ça. Recopier le règlement ne me fait pas peur, j'ai connu pire. »

Et c'était également pour ça qu'elle avait commencé à faire ses pitreries. Que voulez-vous, elle s'était mise en tête d'avoir une punition aujourd'hui, alors elle l'aura. A moins qu'elle décide à la dernière minute de fausser compagnie à sa geôlière pour se terrer quelque part et attendre que les choses se calment. Elle l'avait déjà fait plusieurs fois mais ces bonnes sœurs avaient toujours réussis à lui remettre la main dessus pour qu'elle se retrouve devant une feuille vierge.

« - De toute façon, j'ai autre chose en tête maintenant déclara-t-elle en se levant. »

Elle attrapa ensuite le roman mielleux et se tourna vers sa camarade de Spica, qui semblait s'être plongée complètement dans le livre qu'elle lui avait donné au hasard il y a quelques minutes. Bon, si elle s'occupait avec ça, c'était tant mieux. Elle finit donc par se retourner vers la brunette.

« - Vous pourriez me guider vers le rayon des romans policiers ? Puisque je suis là, autant repartir avec un livre intéressant, et puisque vous êtes là également, autant discuter. »

Elle haussa les épaules, comme si c'était une évidence. Grâce à cette démarche, elle espérait en apprendre un peu plus sur les goûts littéraires de la Miartroise mais également d'être à la portée de nombreux sujets de discussions. Et, pourquoi pas, de confronter leurs points de vues. Cela faisait longtemps qu'Ebisu n'avait pas participé à ce genre de discussions, qui finissaient le plus souvent mal pour tout dire.

Un honneur ? Décidément, cette fille était parfaite pour Miartre. Là-bas, la majorité n'avait vraiment pas la même mentalité que la Spicoise, elle s'en rendait compte au fil des jours. Mais après tout, si toutes ces convenances leur plaisaient, qui était-elle pour leur faire changer d'avis ? Et puis, cela reviendrait à perdre une diversité, une diversité qu'elle était venue chercher dans cette académie. Néanmoins, cela ne changeait rien au fait qu'elle ne comprenait pas sa façon de voir les choses. Elle ne comprendrait jamais de toute façon. Ce n'était pas son univers, mais c'était bon de le connaître.  

Elle la suivit donc silencieusement dans les allées, sans se départir de son sourire, pour changer. Derrière elle, elle pouvait entendre les filles présentes aux tables chuchoter. Des messes basses qui lui étaient certainement destinées mais au fil que les deux jeunes filles s'enfonçaient dans les rayons, les murmures s'estompèrent. Elles pouvaient bien parler dans son dos, elle s'en fichait royalement. Elle avait fait son petit effet et s'était occupée pendant quelques minutes, c'était ce qui importait. La brunette finit par se retourner vers elle et, avec un sourire poli, elle se présenta. Préciser qu'elle était de Miartre était inutile mais après tout, c'était la façon de se présenter ici, Ebisu ne pouvait lui en tenir rigueur bien longtemps.

« - Taishi Ebisu, en cinquième année. Alors comme ça, on se tutoie maintenant ? ajouta-t-elle, moqueuse. Mais ça me convient parfaitement, alors faisons comme ça. »

Elle n'attendait pas à ce que la première année réplique et ne le voulait pas. Elle devrait peut-être songer à arrêter de vouvoyer les personnes qu'elle venait de rencontrer mais elle sentait toujours un blocage à ce niveau là. Fichue éducation. Elle en toucherait deux mots à ses parents quand elle en aurait l'occasion. M'enfin, ce n'est pas comme si ça allait changer quelque chose, le problème venait avant tout d'elle.

Finalement, les deux élèves arrivèrent dans le rayon indiqué par la petite brunette quelques minutes plus tard. La jeune fille aux cheveux roses s'y engouffra, se penchant vers les relieurs des livres pour lire leur titre. Elle en connaissait certains mais son attention se porta rapidement sur son préféré, La Proie et l'Ombre. Elle le sépara donc de l'étagère avant de le montrer à sa camarade.

« - La Proie et l'Ombre, il est très connu et bien qu'il commence à se faire vieux, j'adore le relire quand j'en ai l'occasion. L'histoire est extrêmement dérangeante et prenante. L'ambiance est glauque au point de te faire faire des cauchemars. Je ne pense pas que ce soit ton genre de lecture, surtout qu'à ton âge on n'apprécie pas vraiment ce genre de choses. »

En tout cas, à l'âge de la brunette, elle ne s'intéressait pas à de pareil roman. Elle aimait les policiers, évidemment, mais pas avec un univers aussi sombre et bizarre. Juste de simple histoire de flics qui font de leur mieux pour emprisonner les méchants. Des livres pour enfants en somme. Alors que pour cette oeuvre là, le niveau était plus élevé. Elle observa de nouveau les livres alentours avant d'en pointer un du doigt et de reporter son attention sur sa cadette.

« - Le chat dans le cercueil pourrait peut-être te plaire plus. C'est tragique et le style d'écriture est magnifique. Mais, évidemment, ça reste sombre, c'est un policier après tout. »

Elle haussa les épaules, montrant que l'on ne pouvait rien y faire. Mais c'était ce qu'il y avait d'attrayant dans ce genre de romans. Ce côté palpitant, sombre au point de vous donner des frissons. Ça n'avait rien à voir avec les autres genres littéraire, qu'Ebisu qualifiait d'ennui mortel. Elle était curieuse de connaître l'avis de la brunette sur la question. Qui sait, peut-être allait-elle l'étonner. En prenant du recul, elle se rendait compte qu'elle prenait la même attitude que la plus jeune quelques minutes plus tôt, lorsqu'elle avait tenté de la convaincre des bienfaits de son livre. Voilà qui était étonnant.

Lorsque Kimiko lui fit part de son point de vue au sujet de ces deux bouquins, la Spicoise hocha vivement la tête, montrant qu'elle étai d'accord avec ce qu'elle disait. Edogawa avait été un véritable meneur dans ce genre littéraire et même aujourd'hui, beaucoup d'auteurs continuent à s'inspirer de ses œuvres. Mais, bien qu'il fasse partit des auteurs connus, la jeune fille aux cheveux roses était étonnée que sa cadette en sache autant sur le sujet. Dans son ancienne école, les seuls qui connaissaient quelque chose sur la question étaient ceux qui avaient étudié certains de ses textes en cours. Rien de très prestigieux en somme. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque la brunette avoua avoir déjà lu Le chat dans le cercueil. Comparé au premier, ce n'était pas un roman des plus connus, bien qu'il ait son lot de fans. Au final, elles avaient peut-être quelque chose en commun.

« - C'est vrai que ses autres livres sont tout aussi bons. En fait, en y réfléchissant, tous les romans policiers que j'ai lu sont superbes. A croire qu'ils le sont tous. »

Avec un sourire amusé, elle rangea l'oeuvre qu'elle tenait toujours dans les mains. Evidemment, ce n'était pas le cas. Elle avait beau avoir lu beaucoup de livres pareils, elle ne les connaissait pas tous. Ce serait impossible de toute manière, à moins qu'elle souhaite passer sa vie à courir de librairie en librairie et qu'elle consacre tout son temps à la lecture. Elle aimait lire mais pas à ce point là.

Son regard repartit vagabonder de reliures en reliures, s'arrêtant quelques secondes sur un titre qui ne lui était pas inconnu avant de continuer sa route. Et finalement, ses doigts s'arrêtèrent sur un livre plus récent que ses prédécesseurs. Moins connu également. Elle allait la tester avec ça.

« - La librairie Tanaba, ça te dis quelque chose ? Moins passionnant que les autres mais il se laisse facilement lire. Et puis, il aborde des sujet divers et variés intéressants, ça le rend plus léger, moins morbide. »

Lorsqu'elle avait commencé à le lire, ça ne lui plaisait pas trop. Le style était plutôt plat, l'histoire pas assez rebondissante à son goût. Néanmoins, au fil des chapitres, elle avait su déceler des points positifs à travers les lignes. Comme quoi, prendre un peu de recul ne faisait pas de mal parfois. Elle finit par s'éloigner de l'étagère, pour revenir au centre du couloir légèrement étroit et se retourna vers la première année.

« - Et toi alors, tu craques pour quel genre littéraire ?  Pitié, pas une de ces niaiseries que je lisais tout à l'heure ajouta-t-elle avec un rire. »

Ebisu ne put s'empêcher de sourire face à la critique que sa cadette sur le livre qu'elle venait de montrer. Apparemment, elle ne faisait pas les choses à moitié et n'avait pas de mal à trouver les mots pour énoncer sa pensée. De son côté, le Spicoise n'avait pas un sens critique pareil. Si elle n'aimait pas, et bien elle n'aimait pas. Après tout, les goûts et les couleurs, c'était difficilement discutable, dû moins à ses yeux. Alors elle se contentait de faire les choses simplement, sans chercher à aller plus loin dans ses réflexions, et se suffisait le plus souvent avec un "C'est ennuyant.".

Elle haussa donc les épaules pour montrer que c'était dommage que la Miartroise n'apprécie pas cette œuvre avant que cette dernière ne lui parle des Mémoires d'Hadrien. Rapidement, la jeune fille aux cheveux roses fouilla dans ses souvenirs, à la recherche d'un où ce titre ressortait. Elle se souvint l'avoir entendu de la bouche d'un de ses camarades il y a plusieurs années.

« - C'est un roman historique non ? Sur un empereur romain ? J'en ai vaguement entendu parler il y a quelques années mais ça ne m'a jamais vraiment attiré. Je ne jure que par les romans policiers en réalité. »

Un sourire s'était dessiné sur ses lèvres pendant son explication. On lui avait souvent dit qu’elle était trop têtue, à n’apprécier rien d’autre que les romans policiers mais à ses yeux, c’était tout à fait normal.  Elle n’avait pas l’impression de passer à côté de beaucoup de choses, comme on se tuait à lui dire. Les drôles d’intrigues et les histoires de meurtres la comblaient amplement. Il y avait tout de même quelques livres qu’elle lisait d’autres genres littéraires mais ça ne dépassait pas la vingtaine.

« - J’ai lu quelques romans occidentaux continua-t-elle en se rapprochant de la brunette. Tous des policiers, évidemment. Emma, ça te dit quelque chose ? Meurtres pour mémoire ? Le Huitième Cercle de l’Enfer ? Ils ont tous gagné des prix littéraires si je me souviens bien. N’empêche, je préfère largement les romans asiatiques. »

Sa mère étant française, elle avait beaucoup lu de livres d’auteurs français mais le style était différent. Il n’y avait pas la même atmosphère que dans les œuvres japonaises ou chinoises. Néanmoins, elle devait bien avouer que les pays étrangers avaient leur lot de perle.

« - On a qu’à aller dans ton rayon préféré, tu me montreras quelques bouquins comme ça. Histoire de me cultiver un peu plus. »