[#] A la "Belle Étoile" ou pas ... [pv Hikari]

Ritsuko Yamada Chan

❝ A la "Belle Étoile" ou pas ... ❞

Le weekend est enfin là !

Depuis qu’elle était scolarisée à St-Spica, Ritsuko n’avait jamais autant apprécié ses weekends car ces derniers devenaient synonymes d’évasion, de balades en moto, de virées aquatiques et de renouement avec le monde de l’informatique. Être privée de son téléphone portable, de son ordinateur était tout simplement horrible. Ritsuko avait beau avoir déjà passé deux années entière dans cette école, cela n’atténuait nullement l’impact d’une telle torture. Enfin débrouillarde comme elle était, notre demoiselle savait toujours trouver de quoi s’occuper en dehors des ennuyantes heures de cours qui régissaient la majeur partie de ses journées. Mais bon, aujourd’hui les cours étaient mis aux oubliettes, on était samedi et Ritsuko comptait profiter à fond de son premier jour du weekend.

De ce fait, elle avait passé une grande partie de sa matinée sur les routes avec sa moto. Pour elle rien n’égalait cette plaisante sensation de vitesse et de toute puissance qu’elle ressentait en enfourchant son engin, et elle prenait dès lors son pied en empruntant les routes panoramiques situées aux alentours de la ville. Ces routes fréquentaient par quelques rares cars de touristes offraient une vue splendide sur les plus magnifiques paysages des environs. Après n’avoir fait que rouler, Ritsuko décida de faire halte dans un petit restaurant situé au bord de la plage, à quelques mètres du sable brûlant. Elle était fatiguée et rêvait d’un bon repas, il allait être bientôt deux heures de l’après-midi et son ventre criait famine. Elle mangea donc pour trois, en se délectant de chaque plat et de chaque dessert qui arrivaient sur sa table. Après plus d’une heure d’un si copieux repas, notre amie n’aspirait plus qu’à une seule chose : une bonne sieste sur la plage. Et cela tombait bien car elle avait dans son sac à dos tout le nécessaire pour un bon après-midi détente sur le sable chaud.

Laissant alors sa moto dans un coin d’ombre visible depuis la plage, Ritsuko partit fouler de ses pieds nus le sable brûlant. Bien qu’elle ne voulait rien en laisser paraître, le sable était extrêmement brûlant et elle hâtait donc le pas afin de vite gagner la mer et pouvoir y faire trempette. Et c’était avec un profond soupir de soulagement qu’elle accueillait sur ses pieds les vagues qui se jetaient sur la plage. Toujours complètement vêtue, notre amie entreprit de regarder après une place de libre sur cette plage bondée, étant donné qu’on était le weekend et que le soleil était encore bien haut dans le ciel, la plage était noire de monde. Mais Ritsuko savait qu’elle ne tarderait pas à se vider d’ici une heure ou deux. Après quelques minutes de recherche, elle finit par trouver un espace assez convenable pour installer ses affaires. Elle laissa alors tomber son sac sur le sable et entreprit d’installer sa serviette de plage ainsi que le reste de ses effets.

Ce ne fut qu’après cela, qu’elle entreprit de se déshabiller. Portant déjà son maillot de bain en dessous de ses vêtements, elle n’éprouvait aucune gêne à se changer devant autant de monde, et ce malgré les nombreux regards qui se posaient sur sa personne. Il faut dire qu’avec sa veste, son débardeur et son minishort en moins – juste simplement vêtue de son bikini – les charmes de notre demoiselle étaient mis fort en avant. Et à présent vêtue des plus simples effets, il ne lui restait plus qu’à se faire dorer au soleil, et alors qu’elle prenait en main sa lotion de crème solaire, Ritsuko remarqua un peu plus loin devant elle une fille qui semblait désespérément chercher une place sur cette plage. Le fait de la voir ainsi peiner l’amusa un peu dans un premier temps, puis ayant pesé rapidement le pour et le contre, notre jeune amie se dit que d’avoir un peu de compagnie pouvait lui être bénéfique. En effet, Ritsuko avait envie de se faire dorloter, et elle ne doutait pas un seul instant que cette charmante demoiselle refuse de lui passer un peu de crème solaire. Elle se mit dès lors à agiter le bras, lui faisant signe jusqu’à ce qu’elle la remarque ; visiblement il ne lui avait pas fallu longtemps pour accepter son invitation pour la rejoindre. Et une fois suffisamment près, Ritsuko fut la première à prendre la parole.

« Cela m’étonnerait que tu trouves encore une place si près de la mer à cette heure. »

Ritsuko était assise jambe étendue sur sa serviette de plage, les mains de part et d’autre de son corps soutenaient son dos légèrement incliné vers l’arrière. Dans une telle position, elle affichait sans vergogne ses plus beaux atouts, traduisant pleinement sa grande confiance en ses charmes. Mais son but ici n’était pas de séduire, mais plutôt de mettre à l’aise la jeune inconnue qui devait avoir grosso-modo le même âge qu’elle à un an près. Affichant un large sourire, histoire de la mettre en confiance, Ritsuko poursuivit sur sa lancée en se présentant.

« Je m’appelle Ritsuko Yamada, je peux te faire une place à côté de moi si tu veux. »

Doucement mais sûrement, Ritsuko comptait bien l’amener à faire ce qu’elle attendait d’elle. Lui demander de lui passer de la crème, voir même lui demander un massage tant qu’elle y était, hm… Oui un massage, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pu en profiter d’un. C’était décidé, cette belle demoiselle allait devoir répondre au moindre de ses caprices, mais pour l’heure, il était préférable d’y aller à un rythme modéré, histoire de ne pas la brusquer et d’arriver plus facilement à ses fins. Dès lors la première étape consistait à faire un minimum connaissance.

Hikari Amakusa Diva

Les secousses régulières du train avaient plonger Hikari dans un léger sommeil, ce malgré le brouhaha environnant engendré par l'heure avancée de l'après-midi et le début d'un week-end bien plus chaud que la moyenne: ayant la veille veillé jusqu'à tard dans la nuit afin de terminer ses devoirs pour le lundi et quelques costumes qu'elle devait apporter au club de théâtre de Miatre, en tant que membre du club de couture de Rim. Aussi, par cette nuit très courte, elle n'avait pas hésité à fermer ses yeux et se laisser bercer par les bruits que ses oreilles pouvaient percevoir, profitant de la douce brise qui entrait dans le wagon et venait doucement soulever ses cheveux noirs.
Elle avait décidé sur un coup de tête de se rendre à la plage la plus proche d'Astrea, souhaitant s'aérer l'esprit en cette période de contrôles dans un endroit lui étant encore étranger et dont elle avait entendu parler par ses aînées: à les écoute, l'endroit était toujours désert et il n'y avait pas meilleur lieu pour se reposer loin de la foule. Aussi, l'artiste de Rim s'était dit qu'il serait bien qu'elle s'y rende pour se ressourcer mais aussi pour trouver l'inspiration qui lui manquait depuis quelques temps, à son grand désespoir: elle ne pouvait plus écrire, ni dessiner, bridée par le rythme scolaire dément et le travail qu'elle devait classer dès les cours finis. A ça s'ajoutaient ses responsabilités au club de cosplay, qui manquait cruellement de membres et dont l'activité s'en voyait cruellement restreinte. Elle espérait que cette sortie lui rende son goût pour l'écriture, elle se sentait coupable de laisser en plan des personnages qu'elle aimait beaucoup.

Le train s'arrêta soudain face à la gare à laquelle la Rimoise devait descendre et où, visiblement, bien des passagers de la rame descendaient également. La demoiselle se leva alors vivement, saisissant son sac et sa capeline blanche qu'elle avait retiré pour dormir à son aise avant de poser ses pieds sur le sol brûlant de la station: le soleil était vraiment haut dans le ciel démuni de nuages, la noiraude avait du mal à croire qu'elle n'était qu'en plein printemps tant il faisait beau et chaud. Elle ne regrettait pas de s'être habillée légèrement -juste une robe de lin blanc bordée de volants et de rubans- si elle était venue avec son uniforme, elle aurait vite été en nage. Sans attendre, elle descendit les marches menant à la station pour déboucher dans une petite rue ombragée et peu animée: les magasins étaient ouverts, comme tous les jours, mais personne ne s'y ruait, hormis quelques enfants qui accouraient au convini pour acheter des glaces. Une délicieuse odeur de sel flottait dans l'air, la plage ne devait plus être bien loin. Hikari se décida à traverser la ruelle qui débouchait sur une plage...bondée de monde. Pas de chance, elle avait vraiment choisi le mauvais jour pour être au calme et réfléchir en compagnie des vagues! Mais elle n'avait pas fait tout ce chemin pour rien après tout...qu'importe, elle trouverait une place et ferait abstraction de l'agitation alentour.
Posant les pieds sur le sable, gardant ses ballerines pour leur éviter d'être en contact direct avec le sable brûlant, la demoiselle s'avança, se frayant un passage entre les serviettes et les châteaux de sable, évitant d'écraser des jeux d'enfants ou des tubes de crème solaire, ses yeux balayant la plage de tous les côtés à la recherche d'un endroit où elle pourrait s'asseoir. C'est alors qu'elle vit une jeune fille lui faire de grands signes de la main, l'invitant à la rejoindre, ce que la Rimoise fit: elle la connaissait, elle ignorait son nom mais savait qu'elle était élève et pensionnaire à la résidence Strawberry et elle se disait qu'un peu de compagnie ne lui serait que bénéfique.

A peine s'était-elle approchée de la jeune inconnue qui se faisait dorer au soleil, ses charmes judicieusement mis en avant, que cette dernière lui fit remarquer qu'il serait étonnant qu'elle puisse trouver une place à une telle heure, surtout près de la mer, ce à quoi la noiraude ne pu qu'acquiescer:

"-Je pensais que cette plage serait déserte...du moins c'est ce que mes aînées m'avaient dit... Mais j'imagine que vu le beau temps, tous les gens vivants aux alentours se sont donnés rendez vous ici..."

Elle poussa un soupir tandis que son interlocutrice, du nom de Ritsuko Yamada, lui proposait gentiment de lui faire une place à côté d'elle, ce à quoi la Rimoise consentit en la remerciant d'un large sourire. Sortant de son sac en toile bleu sa serviette de plage d'un ravissant vert menthe joliment décoré de pois vert pomme rafraîchissants, elle l'étala sur le sable blanc brûlant avant de s'y asseoir:

"-Je suis Amakusa Hikari, en troisième année à Rim...je t'ai déjà vu à la résidence Strawberry, Yamada-san...mais jamais dans l'enceinte de mon école. J'en conclus donc que tu es élève à Spica ou à Miatre? Quoiqu'à bien te regarder, vu l'aura assurée que tu dégages, tu dois plutôt être à Spica. Les Miatroises ont tendance à être plus réservées, surtout pour ce qui est de se dévoiler sur une plage."

Elle ne trouvait pas l'attitude de sa camarade provocante -bien au contraire, certaines avaient tendance à être bien plus vulgaire qu'elle, dévoilant sans aucune pudeur leur poitrine- et ce n'était qu'à titre de comparaison qu'elle avait émis cette observation: elle savait que les élèves de l'école aînée avait l'habitude d'être très pudique, de par l'enseignement très traditionnel qui leur était fait, rares donc étaient celles qui oseraient se mettre en maillot et se tenir de telle sorte que leurs seins soient mis en valeur en public, sur une plage aussi bondée.
S'arrachant à ses pensées en sentant les chauds rayons de l'astre solaire caresser sa peau, la japonaise s'empressa de sortir son tube de crème solaire et d'en appliquer sur sa chair blanche, ne souhaitant pas attraper des coups de soleil qui nuiraient à son teint d'albâtre. Elle avait beau avoir des origines françaises par sa mère, sa peau n'en restait pas moins celle d'une japonaise, fragile et sujette au moindre rougeur:

"-Tu devrais protéger ta peau" conseilla-t-elle en souriant à sa camarade qui semblait s'exposer sans aucune protection, "Tu risques d'attraper des coups de soleil, ce serait dommage d'abîmer un si joli corps."

Ritsuko Yamada Chan

❝ A la "Belle Étoile" ou pas ... ❞

Le weekend est enfin là !

Cette Amakusa Hikari était décidément une bonne observatrice et analyste, et elle avait sans conteste vu juste. Et les arguments qu’elle avait mis en avant pour affirmer qu’elle était une élève de St-Spica n’avaient pas manqué de faire sourire notre jeune amie. Faisait-elle preuve d’un manque de pudeur ? Certainement pas, après tout même si elle portait un deux pièces, son maillot de bain cachait parfaitement bien sa poitrine et le reste de son anatomie. Et le fait qu’Hikari y fasse allusion de façon détournée, poussa machinalement Ritsuko à réajuster quelque peu son maillot sur son corps. Ritsuko était loin d’être pudique mais bizarrement les paroles de sa nouvelle camarade lui faisait se préoccuper de chose dont elle ne se souciait guère d’accoutume.

« Tu devrais protéger ta peau. Tu risque d’attraper des coups de soleil, ce serait dommage d’abîmer un si joli corps. » Cette soudaine attention de sa part fut bien accueillie par Ritsuko qui cherchait justement une façon d’introduire sa demande quelque peu égoïste. Après tout notre jeune camarade n’oubliait pas la raison première pour laquelle elle avait interpellée Hikari. Ritsuko se redressa alors s’installant à présent sur ses genoux, elle se tourna vers Hikari tout en gardant sur son visage un sourire indescriptible.

« Tu as raison, je comptais justement m’en mettre avant de te voir chercher ardemment une place. Par contre si tu pouvais m’aider à m’en mettre partout dans mon dos, je t’en serais reconnaissante. »

Tout en exposant sa demande, elle avait rassemblé ses cheveux vers l’avant afin de dévoiler complètement son dos. Et alors que son amie ne semblait voir aucun problème à lui rendre ce petit service, Ritsuko en profita pour glisser une petite question, tout en se tournant dos à Hikari afin que cette dernière puisse plus aisément appliquer la crème solaire que Ritsuko lui avait précédemment donnée.

« Tu ne comptes pas te mettre en maillot de bain ? »

Et oui, Ritsuko avait beau trouvé très belle Hikari dans sa robe blanche d’été, elle aura souhaité ne pas être la seule d’entre elles à être en maillot de bain. Et puis si sa camarade avait pris la peine de prendre une serviette de plage et de la crème solaire, il avait fort à parier qu’elle ait également pensé à son maillot de bain ; car qui donc ne souhaiterait-il pas se baigner dans la mer par un temps aussi beau ?

« Wouah !! Tu as les mains froides ! »

Ritsuko n’avait pu s’empêcher de crier sa réaction tellement cette dernière ne s’y était pas attendue. Hikari avait commencé à lui appliquer de la crème, et notre jeune amie avait tout bonnement l’impression qu’on lui appliquait de la glace dans son dos. Elle en avait des frissons mais par une telle chaleur, cette vague de fraîcheur était la bienvenue.

Hikari Amakusa Diva

Aux conseils d'Hikari, qui s'étalait avec générosité de la protection solaire sur ses membres exposés, Ritsuko acquiesça en avouant qu'elle était sur le point de se passer de la crème solaire au moment où elle avait remarqué sa camarade avant de lui demander si elle aurait la gentillesse de lui en appliquer dans le dos, unique endroit inaccessible aux mains de l'Homme. Joignant les mots aux gestes, elle releva avec élégance ses longs cheveux châtaigne aux chauds reflets pour dégager sa peau parfaite et encore vierge de toute attaque du soleil et présenta son dos à la Rimoise qui, toujours ravie de rendre service aux autres, se saisit du tube de crème solaire qui dormait sur la serviette de sa camarade pour le presser du bout des doigts, lui faisant cracher une crème blanche aux agréables senteurs de fruits. Elle ne connaissait pas ce genre de marque, toutes les protections solaires japonaises à prix raisonnable ayant une étrange odeur loin d'être agréable, sans doute était-ce un produit étranger?!

N'y portant guère plus d'attention, elle se frotta doucement les mains pour y étaler la crème et alors qu'elle s'apprêtait à l'étaler sur le dos de sa camarade, cette dernière en profita pour lui demander si elle ne comptait pas se mettre en maillot, question tout à fait normale: après tout, il faisait beau, chaud, n'importe qui aurait de suite jeté ses vêtements au sol pour plonger dans la mer. Pourtant, ce n'était pas le cas de la noiraude, qui n'était aucunement venue dans l'idée de faire trempette:

"-Non, je n'ai pas pris mon maillot." dit-elle d'une voix rieuse, un sourire charmant illuminant son visage, "Je n'étais pas venue ici pour me baigner en fait, juste pour me détendre et réfléchir un peu... Je dois avouer ne pas être très friande des séances de bronzage sur le sable ou de la baignade dans la mer."

Ceci dit, elle posa délicatement ses mains à la naissance du cou de la Spicoise, l'endroit le plus exposé aux coups de soleil, ce qui arracha à cette dernière un cri. Instinctivement, dans un sursaut, la noiraude retira de suite ses mains, craignant d'avoir fait mal à son amie alors que celle ci se plaignait de ses mains froides. Elles étaient si froides que ça? C'était la question que la demoiselle se posait en fixant ses mains recouvertes de blanc, comme si elle avait plongé ses paumes dans un bol rempli de gouache immaculée: pourtant, personne ne s'était jamais plaint, au contraire, ses amies avaient tendance à se servir de ses mains chaudes comme d'une bouillotte l'hiver venu. Sans doute la longue exposition aux rayons brûlant du soleil avait excessivement réchauffée la peau de Ritsuko, au point que ses sens en soient bouleversés.
Secouant la tète pour se débarrasser de toutes ses réflexions, elle entreprit à passer de nouveau le lait sur la chair offerte, prenant le soin de ne pas trop appuyer pour que ses paumes froides ne soient pas trop désagréables à son amie:

"-Puis je te demander..." commença-t-elle en retirant le collier qui pendait à son cou, "De me garder ceci le temps que j'étale la crème? J'ai peur que la croix ne vienne se coller dans ton dos et ne se salisse..."

Prenant doucement la main de son interlocutrice, elle y déposa sa croix en argent, sur laquelle était gravé son prénom en caractère latin, retenue par un modeste cordon de coton noir avant de retourner à sa tâche sans même lui demander son avis, comme si ce service était une sorte de paiement pour celui qu'elle lui rendait:

"-Ne la perds pas s'il te plaît...j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux."

C'est vrai, elle tenait beaucoup à cette croix, c'était le seul cadeau que son père pasteur lui avait jamais fait, le seul que celui ci avait jugé bon de faire à ses deux filles lorsqu'elles étaient venues au monde, en sachant pertinemment qu'elles sauraient quoi en faire et en prendre le plus grand soin. Et c'était bien l'une des rares fois où Hikari s'en séparait, s'arrangeant toujours pour la porter en toute occasion même à Astrea où elle faisait en sorte qu'elle reste cachée sous son uniforme.
Sans ajouter un mot, la jeune fille termina d'appliquer l'écran total sur le dos de sa camarade puis, réalisant que cette dernière ne pourrait plus rabattre ses cheveux en arrière au risque de les salir avec la crème, elle attrapa un élastique qui traînait dans son sac avant de prendre doucement la longue chevelure -au oins aussi longue que la sienne- noisette qu'elle noua habilement en un haut chignon d'où elle laissa volontairement échapper quelques mèches qui tombèrent su ses épaules, lui donnant un air faussement sauvage.
Puis reprenant place sur sa serviette, essuyant ses mains collantes dans son mouchoir, elle lui sourit avant de tendre vers elle sa main:

"-J'ai pensé que tes cheveux ne s'abîmeraient pas attachés ainsi. Mais si tu n'aimes pas, tu peux très bien l'enlever, je n'en serais pas du tout offensée." Accentuant le large sourire qui illuminait son visage, elle lui demanda "Peux tu me rendre ma croix s'il te plaît? Et as tu encore besoin de moi pour quelque chose?"

Ritsuko Yamada Chan

Ainsi donc elle n’avait pas fait le déplacement jusqu’ici pour se baigner, comme quoi des personnes comme elle n’étaient pas aussi rares qu’avait pu penser Ritsuko. Dès lors rien de surprenant à ce que sa camarade ne porte pas de maillot de bain en dessous de ses vêtements. Quelle déception ! Et oui, Ritsuko était curieuse de voir Hikari en bikini, ou à défaut en simple maillot une pièce, cependant ce désir égoïste n’allait pas pouvoir être assouvi aujourd’hui. Enfin comme tout le monde, Hikari était venue sur cette plage afin de se détendre, mais aussi afin de réfléchir. Cette deuxième raison interpela quelque peu notre jeune spicoise, il y avait une centaine d’endroits beaucoup plus approprié à la réflexion qu’une plage bruyante et noire de monde. Ritsuko n’eut cependant pas l’occasion de pousser plus loin sa réflexion car son attention fut brusquement retenue par une croix en argent que venait déposer son amie dans le creux de sa main. Fascinée par l’objet, Ritsuko en oublia presque tout, même si cependant la crème froide que son amie appliquait dans son dos lui arrachait toujours quelques frissons.

Cette croix semblait très précieuse et bien travaillée, il ne fallut pas longtemps à notre amie pour en être jalouse. Et comme elle pouvait si attendre, Hikari tenait beaucoup à ce petit bijou. Qu’est-ce qu’elle aurait aimé avoir quelque chose d’une telle valeur – elle ne pensait cela que sur un coup de tête – mais tous ses colliers et ses bijoux à elle étaient des plus communs, tellement banals qu’elle ne pensait même plus à les porter lorsqu’elle s’apprêtait le matin. Oui, c’était bien triste mais Ritsuko ne trouvait en ce moment plus rien pouvant la mettre en valeur, plus rien n’arrivait à la satisfaire et elle en venait donc à facilement désirer les trésors des autres. Mais alors qu’elle était entrain de se demander si elle ne ferait pas mieux de garder cette croix d’argent pour elle, Ritsuko sentit les mains de sa camarade afférées à la coiffer. Surprise par cette initiative, notre demoiselle se laissa cependant faire, ce n’était pas tous les jours que quelqu’un était aux petits soins avec elle sans qu’elle le demande.

Ce n’était franchement pas désagréable d’être ainsi soignée sans avoir rien exigé, et même si elle ne faisait que s’occuper de ses cheveux, elle trouvait cet acte bien plus agréable que la pommade qu’elle lui avait passée dans le dos. Allez savoir pourquoi, Ritsuko ne le comprenait même pas elle-même. Donner sans rien espérer en retour, avoir sans avoir besoin d’exiger, c’était là des choses inconcevables dans le petit monde de notre adolescente. Dès lors rien de surprenant au fait que cette dernière était quelque peu perturbée par les évènements. Hikari lui expliqua alors son geste, comme quoi elle ne désirait pas voir ses cheveux s’abîmer à cause de la crème solaire appliquée dans son dos. Tout en l’écoutant, Ritsuko passait ses mains sur sa tête pour tâter un peu le chignon qui venait d’être réalisé.

« Euh… Non, ne t’en fais pas… Je te… Je te remercie… »

Voilà bien des mots que Ritsuko n’avait pas l’habitude de prononcer, même elle, était perturbée et surprise de les avoir prononcés sans réfléchir. Et puis cette fille avait également une façon de sourire qui faisait que Ritsuko n’arrivait pas à se montrer hautaine comme elle le faisait d’habitude. Hikari lui réclama alors sa croix en argent, Ritsuko la tenait toujours entre ses doigts, et après avoir hésité un instant, elle finit par se décider et à la lui rendre.

« Je vais te la remettre autour du cou. »

Si une personne de l’entourage de Ritsuko la voyait en ce moment, il ne pourrait s’empêcher de trouver cette situation bizarre et de penser que notre demoiselle préparait un mauvais coup à l’encontre de cette innocente étudiante. Mais pour une fois, notre camarade n’avait aucune arrière-pensée.

« Un simple cordon noir pour une croix en argent, c’est un peu triste non ? »

Ritsuko n’avait pas pu s’empêcher de faire cette remarque, en effet elle trouvait l’attache de cette croix bien terne en comparaison de la valeur que cette dernière semblait avoir aux yeux de son amie. Quoi qu’il en soit, notre belle spicoise s’apprêtait à lui passer son trésor autour du cou lorsqu’un tir malheureux d’un groupe de garçon jouant au football vint la percuter en pleine tête. Le choc fut tel que Ritsuko en lâcha le collier de son amie, tellement fort que la croix se détacha de son cordon noir pour aller se perdre dans le sable fin, tellement violent que le choc était parvenu à réduire à néant le chignon que Hikari lui avait gentiment fait. Les cheveux défaits retombant à présent autant dans son dos que sur son visage, Ritsuko fixait d’un air mauvais le ballon qui après avoir heurté sa tête avait trouvé place non loin de son sac. Elle le prit alors dans ses mains en le serrant avec force comme pour le réduire en miette, l’éclater, le pulvériser ; son regard était noir et elle déchargeait toute sa rage dans cette balle de cuir gonflée d’air. Ce fut alors que le malheureux tireur fit son apparition en réclamant son ballon avec un air faussement désolé, en effet ses amis plus loin étaient entrain de rire ouvertement et ce dernier, posté juste devant Ritsuko, se retenait pour ne pas en faire autant.

« Ah ! Tu veux récupérer ton ballon, et bien regarde ce que j’en fais de ton ballon ! »

Et avec une force qui eut pour conséquence de lui faire mal au dos de son pied, Ritsuko dégagea le ballon loin au dessus de la masse de gens occupés à faire bronzette sur la plage. Devant un tel acte, le garçon voulut protester mais il n’eut pas le temps de placer un mot que Ritsuko donnait déjà un second coup de pied. Cependant ce dernier manqua sa cible, ne faisant que brasser l’air à quelques centimètres du garçon qui, de par sa surprise, en tomba tout de même à la renverse. Levant les yeux, la vision qu’il avait devant lui n’était plus celle d’une séduisante jeune fille, mais plutôt d’une garce furibonde qui n’allait pas se gêner pour se défouler sur lui s’il persistait à se tenir devant elle. Dès lors le pauvre jeune homme fut alors bien obligé de fuir la queue entre les jambes, Ritsuko le regarda alors rejoindre ses compagnons et partir avec ces derniers à la recherche de leur ballon perdu. Il fallut quelques précieuses secondes à notre demoiselle pour retrouver une certaine contenance, et à présent qu’elle commençait à accuser le coup et à desserrer les poings, elle prenait conscience que son pied droit la faisait pas mal souffrir. Légèrement grimaçante, elle se retourna vers Hikari et vit cette dernière occupée à chercher quelque chose avec empressement. Se rapprochant en boitillant un peu, Ritsuko lui demanda ce qu’elle cherchait avec autant d’ardeur.

Hikari Amakusa Diva

Visiblement, Ritsuko semblait étonnée par l'attitude bienveillante d'Hikari mais aussi par les petites attentions que cette dernière lui portait sans rien attendre en retour, juste pour le plaisir d'aider les autres: tout en tâtant timidement le chignon estival que sa camarade lui avait fait, elle la remercia avec hésitation, comme si elle doutait des mots qu'elle venait de prononcer, comme si ces derniers n'étaient pas siens mais empruntés à une autre, dans une langue lui étant totalement inconnue. Puis à la demande de la Rimoise, qui souhaitait récupérer son bijou, elle lui proposa de lui rattacher, ce à quoi la concernée ne pu refuser, relevant avec douceur sa longue chevelure onyx qui recouvrait son cou blanc, un contraste frappant, pour lui permettre d'y passer le cordon retenant sa croix et d'y faire un noeud. Puis, hésitant visiblement à restituer son bien à sa camarade, la Spicoise lui fit remarquer sans nul soupçon de méchanceté que le lien qui retenait cette si belle et travaillée croix était un peu triste, ce à quoi son interlocutrice sourit: c'est vrai que beaucoup -sa défunte soeur la première- aurait été tentées de troquer ce modeste cordon contre quelque chose de plus noble comme une chaîne pourtant la noiraude, dans son éternelle modestie, avait préféré le garder pour diverses raisons, dont la première était de rester en accord avec sa vision de la religion. Etre simple était pour elle la meilleure façon d'être proche du Ciel, et cette simplicité commençait par ce cordon. Il représentait pour elle la promesse d'être toujours intime avec le Dieu de ses pères, quoiqu'il puisse lui arriver. Beaucoup auraient rit en entendant cette justification, la regardant de haut ou la traitant comme une illuminée bonne à enfermer, qu'importe! Quoiqu'on puisse lui dire, elle en restait intimement convaincue:

"-Je sais", avoua-t-elle tandis que son interlocutrice s'apprêtait à lui passer son bien autour du cou, "Mais je ne veux absolument pas le changer...il représente bien trop de promesses pour être jeté à la poubelle."

Elle ne savait pas si Ritsuko pourrait comprendre si elle lui racontait les vraies raisons qui la poussait à prendre soin de ce modeste lien, aussi elle se contint bien de tout lui raconter. Elle n'avait pas envie que sa toute nouvelle amie la prenne pour une folle à peine leur relation entamée. Soudain, un ballon siffla dans l'air et vint s'écraser avec violence sur la tête de la Spicoise qui lâcha le collier sous le choc, sa longue chevelure retombant en mèches folles sur son visage. En entendant le bruit qu'avait fait la sphère en cuir en percutant le crâne de son amie, la Rimoise fit vivement volte-face pour se retrouver face à une Ritsuko en furie, plantant rageusement ses ongles dans la balle qu'elle fixait d'un air mauvais, comme si elle souhaitait la déchiqueter, la réduire en cendres. Sa colère ne fit que redoubler lorsque celui qui avait tiré, un garçon faussement désolé et fier de lui à en juger par le sourire qu'il tentait vainement de dissimuler, vint se présenter et demander sa balle, ce à quoi la jeune fille répondit en envoyant le ballon voler au dessus de la foule occupée à se faire dorer par le soleil. Hikari ne pu s'empêcher de rire en voyant l'affolement des garçons qui se mirent à courir après leur balle, effrayés par la tigresse que se révélait être la Spicoise avant de réaliser que le cordon qui retenait sa croix gisait sur le sable, délester du pendentif qu'il devait garder et qui, visiblement, était tombé dans le sable fin.

Affolée, craignant de l'avoir perdue, elle se mit à gratter le sol aux alentours, cherchant l'endroit où sa croix avait été enfouie, veillant à ne pas trop remuer le sol de crainte qu'elle ne s'enfonce d'avantage, la sueur pelant sur son front et son visage livide: impossible, elle ne pouvait pas l'avoir égarée! Elle devait bien être là quelque part! Tout en fouillant, s'éraflant dans l'empressement les mains contre quelques objets pointus qui dormaient dans le sable, elle entendit la voix harmonieuse de sa camarade qui lui demandait ce qu'elle pouvait bien chercher avec tant d'ardeur:

"-Ma croix!" dit-elle d'une voix tremblante, "Elle est tombée dans le sable quand tu as reçu le ballon sur la tête...et si je ne la cherche pas tout de suite..."

Tout en disant cela, elle continuait à remuer le sable sous le regard ébahi des personnes alentours, jusqu'à ce que ses doigts effleurent un objet lisse qu'elle saisit sans aucune hésitation. Elle ressortit vivement son poing du sable brûlant avant de l'ouvrir, un grand sourire naissant instantanément en voyant qu'en sa paume se cachait l'objet de sa convoitise, endormi sur un lit de grains de sable blanc. De suite, elle s'empressa de la nettoyer avec le tissu propre de sa robe, retirant tous les grains de sable qui s'étaient collés au métal puis, lorsque son pendentif fut complètement propre, elle le fit glisser le long de son cordon avant de l'attacher à son cou, ne souhaitant pas se refaire pareille frayeur. Ceci fait, elle se tourna vers Ritsuko qui semblait s'être fait mal en frappant le ballon en cuir avec son pieds nu: elle boitait et son pieds était tout rouge, aussi rouge qu'une cerise bien mure:

"-Tu t'es fait mal, Ritsu-chan?" lui demanda-t-elle avec inquiétude, "Viens t'asseoir, je vais te soulager ça..."

Lui prenant doucement la main, elle l'invita à s'asseoir et, lorsque ceci fut fait, elle se saisit de son pieds douloureux pour le masser doucement, espérant ainsi que la douleur passe et soulager son amie qui semblait vraiment souffrir:

"-Tu n'aurais pas dû frapper aussi fort dans ce ballon, c'était sur que tu finirais pas te blesser." dit-elle en riant, "Et dis moi, tu es vraiment effrayante quand tu t'énerves, on aurait dit un démon! Pourtant, quand on te regarde, on ne dirait pas!"

Ritsuko Yamada Chan

L’affolement de Hikari était justifié, cette dernière venait d’annoncer que sa croix s’en était allée se perdre dans le sable suite au précédent choc. La première pensée de Ritsuko en entendant cela fut de maudire encore une fois cette bande de garçons stupides. Notre amie voulut alors rejoindre sa camarade dans ses recherches, mais cette dernière, mue par la peur de perdre son trésor, n’eut pas besoin de son intervention pour retrouver le bien tant estimé. Ritsuko la regarda alors nettoyer sa croix avec un soulagement semblable à celui qui pouvait se lire sur le visage de son amie. Ce fut alors que celle-ci remarqua dans quel état s’était mise Ritsuko suite à son excès de colère. Elle s’enquit alors rapidement de son état et l’invita alors à venir se faire soigner auprès d’elle. La surprise se lut alors sur le visage de notre spicoise, mais cette dernière n’était pas uniquement due à l’altruisme incroyable de Hikari, sa surprise était également due au fait que Hikari l’avait appelé par le diminutif de son prénom. Étaient-elles déjà devenues si proches l’une de l’autre ? Décidément, au plus les choses allaient et au plus Ritsuko sentait que tout lui échappait.

Un peu confuse, elle prenait conscience qu’elle s’était une nouvelle fois encore bien faite remarquée, mais que cette fois-ci contrairement aux précédentes, elle trouvait la situation gênante. Ritsuko se laissa alors faire comme un gentil petit chaton et accepta les attentions de son amie à son égard. Mais elle accepta cependant un peu moins les remarques qu’elle tint ensuite à propos du fait d’avoir shooté dans ce ballon comme une dingue, et de s’être énervée au point de se retrouver comparée à un démon. Face à ces commentaires élogieux, le visage de Ritsuko fut marqué par une bouille boudeuse, détournant légèrement son regard des mains occupées à masser son pied endoloris, notre petite vexée ne put s’empêcher de répondre à ce qu’elle estimait être une petite provocation.

« Ouais et je peux l’être encore plus si je veux, ce genre de gars n’a eu que ce qu’il méritait. J’espère qu’il ne la retrouvera jamais sa balle. Wouaïe !! Fais plus doucement s’il te plait. »

On pouvait encore entendre dans le timbre de sa voix la colère qui l’avait précédemment habitée. Quoi qu’il en soit suite à sa remarque, Hikari s’était montré plus délicate dans le traitement de son pied. Ce dernier était fort rouge et avait légèrement enflé, mais mis à part cela, il n’y avait rien de grave à déplorer. Son pied allait guérir de lui-même d’ici quelques heures voir un jour tout au plus.

« Dis-moi Amakusa-san, tu te montres toujours aussi attentionnée avec tout le monde ? »

Finalement elle avait fini par lui poser cette question, en effet depuis le début Ritsuko ne pouvait pas s’empêcher de trouver l’attitude de Hikari bizarre. Vraiment pas habitée à être traitée de la sorte, elle ne pouvait décidément pas s’empêcher de penser que tout cela cachait en réalité quelque chose. Et sur le temps que ces deux nouvelles amies discutaient, le temps devenait petit à petit plus lourd. Le soleil restait pourtant bien présent sur la plage, mais dans un coin du ciel on pouvait voir un amas de nuage sombre s’avançait. Et oui, les météorologues l’avaient annoncé pour dimanche, le risque d’orage sur tout le territoire était bien présent. Mais bon pour l’heure, même si la plage avait commencé à se vider d’une poignée de personne, il y avait encore une foule de gens à profiter du sable et du soleil.

Hikari Amakusa Diva

Visiblement, les remarques sans aucune méchanceté d'Hikari avaient eu le mérite de froisser celle à laquelle elles s'adressaient, qui détourna alors le regard, son visage affichant une mine boudeuse qui semblait avoir été répétée des centaines de fois auparavant, déclarant qu'elle pouvait être encore plus terrifiante que cela, espérant que le garnement qui l'avait auparavant blessée ne retrouverait jamais sa balle. Cette remarque amusa son interlocutrice dont le rire vint se mêler au cri de Ritsuko, qui se plaignait de la trop grande force qu'employait la Rimoise pour calmer les douleurs de son pieds. Celle ci, attentive aux paroles de son amie, entreprit d'être plus douce dans les soins qu'elle prodiguait, ne souhaitant pas aggraver la blessure: le pied était rouge et enflé mais cela restait une blessure superficielle qui disparaîtrait en quelques heures, une journée tout au plus. En réalisant cela, la brunette se sentit envahie par le soulagement tant elle craignait que sa camarade se soit plus gravement meurtrie.

C'est à cet instant que sa camarade, visiblement interpellée par toute l'attention et la gentillesse que la Rimoise avait à son égard, lui demanda si elle était toujours aussi prévenante avec tout le monde, ce à quoi la concernée répondit de la tête par l'affirmative, un grand sourire aux lèvres: elle était de nature très altruiste et prévenante et elle aimait prendre soin des autres plus que d'elle même, c'est ainsi qu'elle avait été éduquée. Ainsi, cette question résonnait en elle comme chose très drôle dont elle se retint pourtant de rire publiquement: bien sûr qu'elle était ainsi avec tout le monde, et ce sans jamais rien demandé en échange; le simple bonheur de ceux qu'elle avait aidé suffisait à la combler comme si elle avait reçu des montagnes d'or:

"-Oh oui, j'aime prendre soin des autres" dit-elle avec cette simplicité qui la caractérisai si bien, "Voir autrui heureux et souriant grâce à mon aide, c'est pour moi quelque chose de plus merveilleux encore que le plus beau des cadeaux. Tu dois trouver que c'est ridicule pas vrai?!" Elle ponctua sa réponse d'un petit rire gêné

Ses yeux azurés se détachèrent un moment du pieds de Ritsuko pour se lever vers le ciel qui se couvrait peu à peu de nuages, étonnée qu'un vent si froid se lève soudain par une si belle journée estivale et à en juger par l'état du ciel, il allait surement tomber des gouttes dans très peu de temps. C'est vrai, la météo avait annoncé des risques d'orages durant le week-end, en particulier dimanche ce qui avait sans doute démoralisé les commerçants -dimanche étant le jour où le chiffre d'affaire est le plus important-, elle ne s'attendait pourtant pas à ce que les perturbations viennent s'étendre sur tout le pays si rapidement. N'y prêtant pas plus d'attention, la Rimoise caressa du bout des doigts le sable désormais un peu plus frais qu'à l'accoutumée puis, retirant la serviette sur laquelle elle s'était assise, elle s'allongea doucement sur le sol, ses longs cheveux formant une ravissante couronne tout autour de son visage blanc avant de fermer les yeux, profitant des hauts rayons de l'astre solaire:

"-J'espère que tu ne vas pas m'enterrer dans le sable si je m'endors..." dit-elle en riant, se rappelant de cette fois où elle s'était endormie à la plage et où sa grande soeur s'était amusée à construire sur son corps un grand château de sable.

Et sans rien rajouter, un grand sourire aux lèvres, elle plongea dans les méandres de son esprit, pénétrant dans le monde imaginaire qu'elle s'était créée, caressée par le vent qui se faisait de plus en plus humide, portant en lui une délicate odeur de pluie.

Ritsuko Yamada Chan

Se faire ainsi dorloter était décidément agréable, mais c’était quelque peu pensive que Ritsuko savourait son petit plaisir. Ainsi aussi surprenant soit-il aux yeux de notre demoiselle, il existait des gens qui faisaient passer le bien être des autres avant le leur. Bon, ce n’était pas tout à fait exact, mais c’était en tout cas la façon dont Ritsuko avait décidé d’interpréter les choses. De ce fait Hikari gagnait une importance toute particulière, dès lors pour éviter de perdre quelqu’un d’aussi serviable qu’elle, notre jeune spicoise s’abstenu de tout commentaire à l’égard du caractère ridicule du comportement de son amie. Se contentant simplement de sourire en pensant qu’il ne lui viendrait jamais à l’esprit de raisonner comme elle.

Après quelques minutes de soins attentifs de sa camarade, la douleur au niveau de son pied s’était considérablement atténuée, Ritsuko ne ressentait plus qu’à présent que de légers picotements. Hikari interrompit alors son traitement pour finalement prendre ses aises à côté de Ritsuko qui elle, s’afférait à renouer ses cheveux en un chignon plus ou moins ressemblant au précédent. Une fois sa chevelure de nouveau aux normes, notre demoiselle entreprit de terminer de se tartiner de crème solaire. Et alors qu’elle faisait attention à n’oublier aucune zone de son corps, Ritsuko prêtait une oreille attentive à ce que lui disait Hikari. Cette dernière comptait bien profiter de ce beau soleil pour faire une petite sieste sur la plage, mais ne souhaitait nullement que Ritsuko en profite pour lui jouer un mauvaise tour, comme par exemple l’enterrer dans le sable. À cette pensée, notre jeune amie ne put s’empêcher de croire que c’était là un défi que lui lancer sa camarade.

Ritsuko attendit alors un moment, observant minutieusement la respiration de son amie, et lorsque celle-ci se fit plus ample et détendue, notre jeune spicoise en déduit qu’elle dormait profondément. Ne voulant prendre aucun risque, Ritsuko prit une poignée de sable et lécha ensuite échapper doucement ce dernier sur le poignet de la belle endormie. Cette dernière ne réagit nullement à cette première attaque, dès lors Ritsuko mise en confiance décida de tester une zone encore plus à risque, et versa cette fois-ci du sable au niveau du cou de la demoiselle. Encore une fois pas la moindre réaction, un large sourire se dessina alors sur le visage de notre petite délinquante. N’hésitant plus cette dernière se mit à prendre des poignées de sable de plus en plus importantes et à recouvrir progressivement son innocente victime.

Et alors qu’elle s’amusait à créer une montagne de sable au-dessus de son amie, Ritsuko ne prêtait pas attention au fait que la plage commençait à se vider de plus en plus. L’après-midi déjà bien entamé, le soleil ne chauffait plus autant qu’à l’heure de son zénith, résultat les gens les plus frileux étaient déjà tous repartis, et restaient en grande partie des familles et des groupes d’amis. Tout autour de nos deux jeunes demoiselles, il y avait désormais place, il faut dire qu’en l’espace d’une heure, c’était assez normal. Et désormais c’était tout juste si l’on devinait la présence de Hikari aux côtés de Ritsuko, en effet de celle-ci n’était plus visible que la tête, le reste de son corps se trouvant sous une couche importante de sable que Ritsuko était entrain de sculpter afin de modeler un corps de sirène à sa jeune amie. Mais alors qu’elle s’afférait au fignolage de son œuvre, Ritsuko ne put s’empêcher d’éternuer brusquement : le temps s’était brusquement rafraîchi et assombri. Levant les yeux vers le ciel, Ritsuko remarqua que les nuages dans le ciel n’était plus très loin, puis redirigeant son regard vers Hikari, elle vit que cette dernière s’était finalement réveillée et affichait un sourire assez amusé. Face à cela, Ritsuko détournât son regard en essayant de feindre l’innocence, mais ne pouvant cependant pas s’empêcher d’afficher un large sourire.

Hikari Amakusa Diva

Finalement, le souffle délicat de la brise marine, la douceur du sable encore chaud et la caresse des rayons de soleil qui se faisaient désormais plus timides suite à l'apparition de plusieurs nuages, avaient eu raison d'Hikari qui sombra progressivement dans le sommeil. Décidément, elle devait vraiment être épuisée pour s'endormir de la sorte, aussi rapidement et surtout à une si courte intervalle de sa dernière sieste; il faut dire que la semaine avait été riche en émotions et en évènements en tout genre: elle avait dû finir en hâte les costumes pour la troupe de Miatre qui avait avancé sans la consulter auparavant la date de sa représentation d'une semaine tout en honorant les commandes passées par Rim et ce toute seule, son aînée Rika étant visiblement trop occupée pour venir au club de couture, tout en jonglant avec ses devoirs, les examens qui menaçaient chaque jour et les leçons qui s'enchaînaient à un rythme dément. Ainsi, elle avait souvent sacrifié une partie de ses nuits pour tout rendre à temps, devoirs comme costumes, mais aussi pour réviser afin d'éviter les examens de rattrapages et les cours de remise à niveau qui sauraient sans nul doute lui gâcher les vacances.

Progressivement, le bruit des vagues se transforma en bruissement de feuilles et en rires, des rires qui étaient tout à fait familiers à la Rimoise: ça y est, elle recommençait à rêver de son passé, plus précisément des moments heureux qu'elle avait passé avec sa soeur jumelle. Autrefois, ces rêves étaient synonymes de remords pour la demoiselle mais aujourd'hui, maintenant qu'elle avait accepté le décès de Kibuki et rejeté le sentiment de culpabilité qui y était lié, ils lui apportaient beaucoup de bonheur.
Ah...elle se souvenait de ce jour, celui que son inconscient s'était décidé à lui montrer: une journée ensoleillée comme celle qu'elle vivait aujourd'hui, des plus banales durant laquelle les deux jumelles avaient échappé à la surveillance de leur père pour aller s'amuser avec leur groupe d'amis dans la forêt qui recouvrait les nombreuses montagnes entourant Midorigawa, le village où elles étaient nées. Peu s'aventuraient par delà les troncs de peur de se perdre ou de déranger les esprits qui y vivaient, ce qui offrait aux plus courageux un terrain de jeu idéalement désert. Ainsi, la petite bande s'était amusée à découvrir des endroits encore méconnus, grimpant en courant les marches menant à un sanctuaire shintoïste oublié, longeant une rivière sur le point de s'assécher en prenant garde à ce qu'aucun kappa ne les attaque pour finir par jouer dans une clairière vierge de toute présence humaine. Bien entendu, le soir venu, elles avaient toutes deux reçu un sacré savon de la part de leurs parents, qui bien entendu étaient morts d'inquiétude, mais Hikari gardait de cette journée des souvenirs qu'elle ne n'oublierait pour rien au monde.

Peu à peu avec la fin de son songe, la Rimoise reprit peu à peu part à la réalité, ses paupières de chair levant leur voile de ses iris bleutés qui fixèrent le ciel paré de nuages de plus en plus sombres qui faisaient fuir les gens, avant de remarquer qu'elle ne parvenait pas à bouger puisqu'elle était recouverte...de sable. Un joli corps de sirène, avec sa queue de poisson aux multiples écailles, avait pris la place de son corps d'humaine. Et visiblement, Ritsuko n'était pas du tout innocente quant à cette création, il était même sure qu'elle en était l'auteure à en juger par le large rictus qui traversait ses joues blanches. Cette attitude amusa grandement la brunette qui éclata de rire avant de se libérer de cet amas de sable qui la recouvrait, se redressant lentement avant de se relever et d'épousseter sa robe pleine de sable collant au tissu vierge de ses vêtements:

"-J'étais sure que tu ferais ça! Comme quoi, tu es bien comme ma soeur...."

Disant cela, un sourire nostalgique apparu furtivement sur son minois ivoire, sourire qui disparu de suite lorsque la demoiselle réalisa qu'il n'était absolument pas approprié à la situation. C'est à ce même instant qu'une goutte vint s'échouer sur son épaule, suivie d'une autre: les nuages qu'elle avait remarqué s'étaient considérablement rapprochés pour se poster juste au dessus de la plage, faisant fuir les nombreuses familles et bandes d'amis qui étaient encore là, craignant de recevoir sur la tête l'orage qui se préparait à gronder. Certains sortaient les parapluies, d'autres rhabillaient en hâte leurs bambins qui se plaignaient du froid soudain, d'autres encore allaient s'abriter sous les devantures des commerces à proximité. L'air était alourdit d'une odeur humide menaçante, caractéristique des débuts d'averses:

"-Ritsu-chan, je crois qu'il va falloir s'abriter quelque part, l'orage risque d'éclater d'un moment à l'au..."

A peine allait-elle finir sa phrase que le tonnerre retentit assez fort pour couvrir sa voix, suivi de suite par des gouttes qui vinrent rapidement s'évanouir sur le sable devenant de plus en plus sombre à force de boire l'eau que lui offrait le ciel. Puis soudain il se mit à pleuvoir à torrent à tel point qu'Hikari n'eut aucune autre idée que de saisir sa serviette en éponge pour en recouvrir sa tête, s'évitant ainsi d'être trempée jusqu'au os:

"-Nous devons nous abriter quelque part le temps que cet orage passe!" dit-elle en aidant son interlocutrice à ranger ses affaires dans son sac de plage avant de recouvrir sa chevelure avec sa propre serviette, "Viens! Mes onee-sama m'ont parlé d'une grotte pas loin d'ici où nous pourrons être au sec! Viens vite!"

Saisissant rapidement la main de la Spicoise, la demoiselle l'entraîna en hâte vers le dit lieu, prenant garde à ne pas obliger son amie à forcer sur son pieds blessé, cherchant la cavité rocheuse du regard: ses aînées de Rim lui avaient soigneusement détaillé la façon de s'y rendre, lui indiquant qu'à son entrée se tenait majestueuse une énorme aiguille de roche et qu'elle ne pouvait pas la louper si elle y prêtait attention, tant et si bien que la brunette n'éprouva aucune difficulté à la trouver. S'y engouffrant en hâte, entraînant Ritsuko avec elle, elle poussa un soupir lorsqu'enfin elle fut à l'abri: elle était trempée, ses longs cheveux noirs dégoulinaient d'eau, sa robe collait à la peau, mettant en valeur les formes de celle qui la portait et elle commençait à avoir un peu froid. Adressant un grand sourire à sa camarade en remarquant qu'elle avait été plus épargnée qu'elle, elle récupéra sans un mot la serviette qu'elle avait au préalable mis sur sa tète pour se sécher:

"-Tu n'es pas trop mouillée...tant mieux! J'aurais été ennuyée que tu prennes froid à cause de la pluie!"

Elle ponctua sa phrase par un éternuement: visiblement, c'étai plutôt elle qui risquait d'attraper froid vu l'état dans lequel elle se trouvait et vu le vent marin qui s'engouffrait dans la cavité rocheuse.

Ritsuko Yamada Chan

Sa sœur hein ? Visiblement Ritsuko avait la grande sœur de Hikari, il n’était dès lors plus trop surprenant que cette dernière supporte la compagnie de notre jeune effrontée, vu qu’elle avait dû passer bon nombre d’années à supporter celle de sa sœur. Bref Hikari n’avait nullement mal pris la petite plaisanterie de son amie, même s’il fallait avouer que désormais sa robe n’était plus dans un très bon état. Enfin tout cela n’était qu’un détail, car le temps quant à lui n’était plus propice à permettre de profiter des joies de la plage en toute tranquillité. Il était étonnant de voir à quel point le vent s’était levé et avait sitôt rabattu tous ces sombres nuages au-dessus d’elle. Et alors que la chaleur des rayons du soleil avait laissé place à la fraîcheur de l’ombre des nuages, ces derniers laissaient déjà pleuvoir leurs gouttes.

Il était tant de lever le camp, ce n’était qu’une question de seconde avant que l’orage n’éclate et ne les noie dans une pluie diluvienne. Hikari était du même avis qu’elle, l’appelant une nouvelle fois par son prénom – chose à laquelle Ritsuko avait encore du mal à s’y faire – elle proposa qu’elles aillent vite se trouver un abri avant que le déluge ne s’abatte sur elles. Pas de chance car à peine avait-elle évoquée cette idée que le crachin jouant les prémices de cet orage se mua en un torrent d’eau qui eut vite fait de les tremper et de les refroidir. Toujours en maillot de bain, Ritsuko se hâtait de rassembler ses affaires, une fois celles-ci réunies dans son sac, Hikari attrapa sa main et l’entraîna derrière elle vers l’abri le plus proche qu’elle connaissait. Ce dernier n’était rien d’autre qu’une grotte, celle-ci leur offrait un abri de choix, cependant à l’intérieur il faisait encor plus froid que dehors, ce qui n’arrangeait pas les choses vu que malgré leur course, les deux demoiselles étaient complètement trempées.

Cela se remarquait un peu moins chez Ritsuko étant donné que cette dernière ne portait toujours que son maillot de bain ; par contre Hikari voyait elle sa robe complètement imbibée lui coller à la peau, mettant ainsi en valeur les formes de cette dernière qui ne manquèrent pas de faire sourciller un peu Ritsuko qui l’avait jusque là pensée beaucoup moins gâtée par la nature. Cette dernière occupée à s’essuyer les cheveux, semblait visiblement soulagée, mais elle espérait cependant qu’elles n’iraient pas attraper leur compte dans cette grotte glaciale.

« Si, si ne t’en fais pas, je suis aussi trempée que toi, cela se voit juste moins avec mon maillot. Par contre je pense que c’est toi qui risque surtout de tomber malade, tu ferais mieux d’enlever ta robe, tu n’arriveras jamais à te réchauffer en la gardant sur toi. »

Tout en disant cela, Ritsuko avait entrepris de faire l’inventaire de ses affaires, son sac était trempé, néanmoins le contenu de ce dernier avait été relativement épargné. Ainsi ses essuies de bain et ses vêtements étaient justes légèrement humides sans être mouillés. Ritsuko sortit alors rapidement son grand essuie de plage et entreprit de s’essuyer rapidement. Par la suite conservant son essuie sur ses épaules, elle défit le chignon de ses cheveux et laissa retomber ces derniers dans son dos sur son essuie. Il ne restait plus que ces derniers à sécher, mais pour l’heure notre demoiselle était quelque peu inquiète.

« Hum, j’ai laissé ma moto sur le parking, j’espère que cela ira… »

Observant le vent qui continuait de se déchaîner dehors, Ritsuko espérait que ce dernier ne soit pas trop fort au point de faire tomber sa moto et l’abîmer. Mais bon notre demoiselle avait parqué son véhicule sous un abri couvert, résultat en toute logique, sa moto était assez bien protégée du déchaînement de mère nature. S’étant elle-même à moitié rassurée, Ritsuko entreprit à présent de s’essuyer les cheveux, tout en reportant son regard sur ce qu’était entrain de faire Hikari. Et tout en l’observant, elle ne put s’empêcher de lui poser une nouvelle question.

« Amakusa-san, tu m’as appelé par mon prénom toute à l’heure… Ne te montre pas aussi familière avec moi. »

Non, ce n’était pas ce qu’elle voulait dire, mais bon sang pourquoi n’arrivait-elle jamais à être honnête lorsque la situation l’impose. C’était à cause de cela qu’elle jouissait d’une si mauvaise réputation au sein de son école. Heureusement les rumeurs à son sujet ne semblaient pas avoir trop atteint les écoles de Miatre et de Rim, à croire que le conseil des étudiants de Spica s’était assuré de taire tout ce qui pouvait porter préjudice à leur image. Quoi qu’il en soit, cela n’avait pas dérangé tant que cela Ritsuko d’être appelée par son prénom par Hikari, le souci provenait du fait qu’elle n’était pas habitué à tant de familiarité de la part d’une amie. Mais en fait c’était tout simplement dû au fait qu’elle n’était pas habituée à avoir des amies se souciant réellement d’elle ; elle était gênée par la situation et faisait tout pour le cacher, même se réfugier derrière un mensonge. Mais quoi qu’il en soit, il était assez évident de voir à l’expression de son visage que ses pensées n’étaient pas trop en adéquation avec ses paroles.

Hikari Amakusa Diva

Suite au conseil de Ritsuko, qui lui avait fait remarqué qu'elle risquait d'attraper froid si elle gardait sa robe trempée, Hikari consentit à changer de tenue après avoir attraper les affaires de rechanges qu'elle avait au préalable mises dans son sac de plage -au cas où elle se serait mouillée ou salie au point de ne plus pouvoir porter sa robe blanche- et, entourant son corps avec sa serviette de bain afin de ne pas s'exposer en petite tenue face à son amie, elle se débarrassa de son vêtement ruisselant pour passer un short en jean lui tombant un peu au dessus du genoux ainsi qu'un haut bleu ciel à manches ballons orné d'un gros noeud au niveau du coeur. Ceci fait, elle entreprit d'essorer sa robe qui laissa échapper un bon volume d'eau, avant de l'étaler sur une pierre ronde dans l'idée de la laisser sécher un peu avant de la remettre dans son cabas. Ceci fait, ses grands yeux bleus vinrent se poser sur sa camarade qui avait détaché ses longs cheveux pour les sécher, une lueur d'inquiétude brillant au fin fond de ses iris azurés avant de déclarer qu'elle avait laissé sa moto sur le parking et qu'elle espérait qu'il ne lui arriverait rien sous un tel orage. En théorie, si elle était à un endroit couvert, elle n'avait aucun souci à se faire. La Rimoise souhaitait la rassurer, persuader que son véhicule ne risquait rien quand son interlocutrice la coupa nette dans son élan, lui demandant si elle l'avait bien appelée par son prénom, la sommant ensuite de ne pas se montrer aussi familière à son égard, la gratifiant d'un sec "Amakusa-san"

De suite, cette remarque fit s'évanouir le grand sourire qui illuminait le visage d'Hikari, cette dernière ne s'étant pas attendue à une telle demande formulée avec tant de froideur. S'était-elle montrée trop familière envers Ritsuko? Elle n'en avait pourtant pas eu l'impression, sans doute parce qu'à Rim, toutes les élèves avaient l'habitude de s'appeler par leur prénom à peine la conversation engagée. Mais cette coutume n'avait pas lieu d'être à Miatre et Spica...de ce fait, les demoiselles de Rim se devaient de respecter les codes de politesse japonais avec les étudiantes d'autres écoles pour éviter de s'en attirer les foudres. La brunette avait complètement oublié ce détail et elle était tombée sur une Spicoise qui, visiblement, ne tenait pas qu'une fille qu'elle ne connaissait même pas se montre tant proche d'elle. Adressant à sa camarade un regard désolé et gêné, reconnaissant son erreur, Hikari remarqua cependant l'expression déçue et agacée qui avait prit place sur le visage ovale de son interlocutrice, visiblement en contradiction avec les paroles qu'elle venait de prononcer:

"-Je te demande pardon Yamada-san..." dit simplement la brunette en prenant soin de ne pas se montrer trop familière, "Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise en t'appelant de la sorte, juste rendre nos échanges plus conviviaux."

Affichant sur son minois blanc un rictus discret, elle continua d'une voix douce:

"-Tu as l'air contrarié...peut-être ne voulais-tu pas dire ce genre de chose?" S'avançant vers l'entrée de la grotte, son regard pointé vers le ciel gris qui pleurait à n'en plus finir, elle continua " Tu sembles avoir du mal à exprimer ce que tu ressens vraiment, alors tu te caches derrière des mensonges, quitte à faire du mal aux autres...un peu comme moi il y a quelques années..."

Baissant les yeux pour les diriger sur la mer agitée qui s'étendait à perte de vue, elle resta silencieuse, plongée dans ses pensées. Elle aussi, elle avait été ainsi quand elle était plus jeune: incapable de parler pour elle même, toujours cachée derrière sa "onee-chan" qui devait faire des pieds et des mains pour que les désirs de sa petite soeur soient entendus par tous, et lorsqu'elle parvenait à dire ce qu'elle voulait, c'était toujours de façon agressive, maladroite...puis quand Kibuki s'en était allée, elle avait été contrainte et forcée de se débrouiller comme une grande, d'apprendre à exprimer avec diplomatie ses envies sans passer par un tiers. Puis peu à peu, cette contrainte devint une habitude qui forma la Hikari Amakusa qui existait aujourd'hui, une fille souriante, joyeuse, ouverte:

"-Ai-je tort, Yamada-san?" demanda finalement la brunette en sortant de ses pensées, se tournant doucement vers son interlocutrice en lui souriant tendrement

Ritsuko Yamada Chan

Encore ce sourire tendre et de bien belles paroles, Hikari devait vraiment aimer s’avancer sur des chemins dangereux. D’autres personnes à sa place auraient tout simplement laissé un froid s’installer entre elles, mais elle non, elle faisait même tout le contraire à un tel point que cela énervait Ritsuko qui ne savait plus de quelle manière réagir. Cette dernière avait toujours vu le monde à sa manière, et avait bien tôt compris la nature égoïste de chaque être humain ; tout le monde pense avant tout à son propre petit bonheur, le reste est secondaire et ceux qui disent le contraire ne sont que des hypocrites. C’était de cette manière là qu’avait toujours considéré les gens Ritsuko, elle-même était comme çà après tout, seule sa personne comptait et de ce fait elle jugeait inutile de s’entourer d’amies. Mais paradoxalement, elle recherchait toujours l’attention des autres, et à présent qu’elle avait l’entièreté de celle de Hikari, notre demoiselle était déstabilisée.

« Ouais, tu te trompes complètement Amakusa-san. »

Le ton de cette réponse était tout sauf amical, il traduisait une impossibilité pour quiconque de la comprendre. Après tout cela était normal, une personne aussi instable qu’elle émotionnellement ne pouvait être comprise par le premier venu. Une Ritsuko passant d’une joie immense à une colère meurtrière, passant d’une attitude chaleureuse à un comportement des plus froids, se montrant d’un coup timide et gênée pour se révéler quelques secondes après d’une effronterie sans égale. Ritsuko n’était quoi qu’on en dise, pas une personne dont la compagnie inspirait de la tranquillité, de la sérénité à son entourage. Oh que non, elle était un véritable monstre prenant plaisir à faire souffrir autrui pour satisfaire son propre égo.

« Du mal à m’exprimer, moi ? Je te parle assez distinctement non ? Ce ne serait pas plutôt toi qui ne comprends pas ce que je te dis ? »

Mais pourquoi donc partait-elle dans un tel raisonnement ? Pourquoi au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche, devenait-elle si agressive ? Ritsuko semblait être dans un état aussi chaotique que le ciel dehors, dont les coups de tonnerre ajoutaient une note dramatique à la situation. Encore une personne innocente qui allait servir de défouloir à notre jeune amie ; cette situation n’était pas sans lui rappeler l’incident d’il y a deux jours où elle avait provoqué la chute à cheval d’une fille de son école. Ce jour-là, Ritsuko n’avait pu s’empêcher d’évacuer sa frustration en jetant une pierre sur le canasson, heureusement l’incident n’avait engendré rien de fâcheux et ce dernier avait été rapidement tu. N’empêche encore qu’aujourd’hui, la jeune spicoise réitérait un comportement en tout point identique. Elle souhaitait qu’on la comprenne, mais paradoxalement les gens qui cherchaient à la comprendre l’agaçaient plus que tout. C’était comme si elle s’infligeait à elle-même la plus horrible des tortures.

« Si je t’ai abordée toute à l’heure sur la plage, c’était juste parce que te voir chercher comme une idiote une place m’avait amusé, et que j’avais envie que quelqu’un me mette de la crème, voir carrément me faire un massage. Je voulais juste t’utiliser comme un simple outil, alors ne t’adresses pas à moi comme à une amie. »

Plus les choses allaient et plus Ritsuko se perdait dans ce qu’elle disait, cette dernière ne savait même plus si ce qu’elle hurlait aux oreilles de Hikari avait encore un sens. Dans tous les cas, mensonges et vérités se mélangeaient à présent, il était bon d’être capable désormais de faire la bonne part des choses. Ritsuko semblait être à bout émotionnellement, on pouvait sentir qu’elle était sous tension prête à exploser, le dernier cran de sureté qui lui restait était sur le point de céder. Et Ritsuko ne voulait pas que cela arrive, elle voulait que Hikari s’en aille, la laisse tranquille en l’abandonnant comme les autres. Mais d’un autre côté, son état montrait qu’elle manquait cruellement de quelqu’un sur qui se libérait de toutes ses émotions qui la détruisaient.

Hikari Amakusa Diva

Visiblement, les remarques d'Hikari et son attitude sympathique n'avaient réussi qu'à envenimer la situation, empourprant la Spicoise aux cheveux noisettes qui devint sans prévenir agressive: elle se renferma soudain sur elle même comme une huître, son ton devint froid, traduisant l'impossibilité qu'elle soit comprise par son interlocutrice, et devint totalement incohérente de par son attitude mais aussi ses paroles. Elle était devenue un ouragan comparable à celui qui balayait la plage, autrefois illuminée par un soleil radieux et chaud, détruisant tout sur son passage. La jeune femme accusa alors la Rimoise de ne pas comprendre ce qu'elle lui racontait, déclarant qu'elle savait tout à fait s'exprimer et que dialectiquement parlant, elle n'avait rien à se reprocher. Elle enchaîna ensuite en annonçant les véritables raisons de leur premier échange, avouant qu'elle ne l'avait abordé que parce qu'elle lavait trouvée idiote à chercher une place sur cette plage bondée et qu'elle avait besoin de quelqu'un pour réaliser ses moindres petits caprices, à commencer par lui passer de la crème solaire dans le dos. Elle conclut en se vantant de l'avoir utilisée comme un objet juste bon à obéir à ses ordres avant de lui ordonner de ne pas s'adresser à elle comme une amie, puisqu'amitié entre elles il n'y avait pas.

Ce flot de venin aurait dû achever n'importe quelle jeune fille aussi altruiste que celle sur lequel il se déversait, la poussant à la crise de larmes ou à la colère, pourtant Hikari n'en fit rien, restant étonnement silencieuse, ses yeux bienveillants fixant sa camarade qui se perdait dans sa propre psychose. Etait-elle une sainte pour se laisser insulter de la sorte sans rien dire, presque le sourire aux lèvres? Ou juste une idiote qui ne réalisait pas que cette fille en face d'elle s'était jouée d'elle de la pire manière qu'il soit? Ni l'une, ni l'autre. En adoptant une telle attitude, elle devait avoir l'air bien plus faible d'esprit et idiote qu'elle n'était déjà pourtant rien n'y fit, la demoiselle ne se décida pas à quitter son silence et son attitude passive: Ritsuko avait besoin de décharger sa haine sur quelqu'un et elle l'avait choisie comme bouc-émissaire n'est ce pas? Alors soit, la Rimoise endosserait ce rôle sans broncher, si ça pouvait soulager sa camarade, qu'importe toutes les horreurs qu'elle pouvait entendre sur son compte. Elles ne pouvaient pas l'atteindre, puisqu'elle était persuadée que tout cela n'était que mensonges, des mensonges empilés en désordre que la Spicoise utilisait pour se défendre comme elle pouvait:

"-Tant mieux si tu as obtenu de moi ce que tu désirais" laissa-t-elle échapper d'une voix calme trahissant la sérénité qui l'habitait, "Dans tous les cas, j'ai été ravie de te rendre ce service."

Ayant achevé sa phrase, elle se plongea dans le mutisme, observant sans se lasser les diverses mouvements du ciel qui commençait peu à peu à sécher ses larmes, laissant apparaître ça et là des recoins de ciel bleu et de lumière. Rien d'incroyable pourtant, la Rimoise se sentait rassurée de voir que le temps s'arrangeait aussi vite: non pas parce qu'elle allait pouvoir fuir sa camarade hystérique, la laissant ainsi ruminer seule mais parce qu'elle était sure de pouvoir rentrer à Astrea avant le couvre feu de 18 heures. Elle aurait très bien pu partir dès maintenant mais la pluie restait trop forte à son goût et elle ne souhaitait pas encore être trempée aussi, convaincue de rester encore quelques longs moments dans la grotte, elle se décida à s'asseoir, élisant pour siège une roche lisse tout près de l'ouverture et qui lui promettait une belle vue sur la plage dont le sable était désormais devenu brun et dur à force de trop boire.

Pourtant, elle n'en fit rien, reportant son attention sur Ritsuko qui semblait prête à perdre le contrôle d'elle même, comme si la dernière limite venait d'être franchie et qu'il était impossible de revenir en arrière. Pourtant, Hikari ne parvenait plus à entendre ses cris, comme si le son des gouttes de pluie retentissant alentour couvrait tout bruit, elle ne faisait que regarder d'un oeil attentif le film muet qui se déroulait sous ses yeux qu'elle n'avait aucunement l'attention d'arrêter.
Puis avec la fin de l'orage et le retour du soleil, le son revint peu à peu, ramenant la Rimoise à la réalité: elle avait écouté sans vraiment comprendre ou chercher à comprendre les mots de sa camarade, attendant juste qu'elle soit plus calme, qu'elle se libère de tout ce poids qu'elle avait en elle et qui semblait la rendre si instable et arrogante.

Ritsuko Yamada Chan

Comment pouvait-elle encore se montrer si gentille à son égard ? Comment osait-elle se moquer ainsi d’elle derrière son masque de gentillesse ? Pourquoi ne réagissait-elle pas comme toutes les autres ? Était-elle vraiment idiote ? Une fille trop gentille qui témoignait du fait à quel point Ritsuko était un monstre ? Hikari s’était à présent éloignée, là laissant momentanément seule avec ses pensées. Ritsuko se sentait vraiment mal, elle sentait son cœur battre extrêmement vite dans sa poitrine, lui donnant l’impression de se cogner à chaque fois douloureusement contre ses cotes ; elle sentait également que ses jambes ne semblaient plus aptes à réellement la soutenir et que si elle restait encore debout en ce moment que ce n’était là le fruit que d’un équilibre précaire ; et il y avait également ses yeux qui commençaient à se troubler à cause de larmes que notre demoiselle parvenait difficilement à contenir. Il fallut alors un coup de tonnerre assez violent pour la surprendre pour qu’elle se laisse aller sans retenue, laissant un flot continu de larmes chaudes perler sur ses joues.

Ritsuko était à la fois triste et en colère, si elle s’était jusque là montrer forte et détestable à l’école, tout cela n’avait été qu’une façade dans le but de refouler au plus profond d’elle un flot d’horribles sentiments. Cependant passer tant d’années dans ce cercle vicieux était destructif, et ses sentiments de culpabilités, de jalousie, de haine, toutes ces émotions bien trop fortes pour elle ne demandaient qu’à sortir et à se déverser. Hikari lui avait offert cette occasion de se libérer d’une partie de ce poids qui l’enchaînait, et il ne lui avait pas fallu grande chose pour cela, juste le fait d’être restée elle-même et de ne pas avoir fui comme toutes les autres. Ne supportant pas d’être dans un état aussi pitoyable, Ritsuko pleurait, criait, sans parvenir à articuler quelque chose de compréhensible. Dans sa tête, elle se repassait les évènements les plus blessants de sa vie, qui aurait pu être somme toute banale si elle avait su la manière correcte d’interagir avec son entourage.

Et alors que le temps semblait se calmer dehors, il en était de même pour Ritsuko qui tout comme l’orage commençait à s’apaiser. Cette dernière avait tellement pleuré que ses yeux en étaient horriblement rouges, et bien que plus aucunes larmes ne parvenaient à sortir de ces derniers, on voyait encore nettement les traces de ces dernière sur ses joues. C’était la première fois que Ritsuko se relâchait de la sorte, la première fois qu’elle se montrait aussi faible et vulnérable devant quelqu’un, et à présent cette dernière se sentait complètement vidée de toute son énergie. Et alors qu’elle regardait droit devant elle d’un air complètement absent, elle finit par prononcer ses premiers mots après que la tempête qui l’avait habitée se soit en allée.

« Amakusa-san… Je suis désolée, je suis vraiment quelqu’un d’horrible après tout. »

Ses bras pendaient le long de son corps, sa tête penchait légèrement en arrière comme si entraînée par le poids de ses cheveux encore mouillés, son cœur battait encore rapidement dans sa poitrine, mais sa respiration tendait à se calmer et à retrouver une certaine sérénité. Ritsuko sentait son esprit quelque peu embrumé, mais bizarrement elle se sentait plutôt bien. Mis à part un éternuement qui vint prouver que si elle continuait à ne rester qu’en maillot de bain qu’elle finirait par attraper son compte. Ritsuko s’avança alors silencieusement vers son sac, sans accorder le moindre regard à Hikari, elle se sentait indigne de cela après lui avoir dit toutes ces méchancetés. Elle retira alors ses vêtements de son sac et entreprit de les passer un à un, remettant son short, son débardeur ainsi que sa veste, cependant ses vêtements bien refroidis par le temps, ne l’empêchèrent pas de frissonner. Rentrer sur sa moto allait être difficile car Ritsuko n’avait pas de vestes plus chaudes avec elle, et sentir sur la route de plein fouet le vent froid allait être bon pour la faire tomber malade. Ritsuko se retourna alors en direction de l’entrée de la grotte afin de voir comment évoluait le temps, mais à la place elle se retrouva face à face avec Hikari qui s’était rapprochée d’elle. Sans réfléchir, elle détourna son regard visiblement plus assez confiante pour la regarder en face.

« Pourquoi tu ne t’es pas mise en colère ? Je t’ai utilisée, je t’ai dit toutes ces choses… Je ne te comprends vraiment pas. »

Hikari Amakusa Diva

Ritsuko s'apaisait de plus en plus, les larmes qui ruisselaient de ses yeux asséchés disparaissant peu à peu pour ne laisser sur ses joues que les lignes de feu qu'elles avaient tracé, ses cris disparaissant dans le silence de cette grotte froide pour la laisser sans aucune once d'énergie, l'air vague, telle un voyageur épuisé après avoir atteint son but ultime. Elle resta un instant sans rien dire, sous le regard attentif d'Hikari qui l'observait en silence, attendant la suite des évènements et à sa grande surprise, les premières paroles de la Spicoise à son égard après que la tempête qui l'habitait se soit dissipée furent des excuses: elle s'excusait, déclarant quelle était vraiment quelqu'un d'horrible. Son interlocutrice n'était pas de cet avis mais elle ne se permis pas de la contredire, par crainte d'à nouveau la voir se déchirer et perdre son calme, s'approchant seulement de son amie qui s'était décidée à se rhabiller -sans doute commençait-elle à avoir froid en maillot de bain, dans cette cavité qui laissait passer de nombreux courants d'air- sans lui accorder un seul regard. Avait-elle décrété qu'après tout ce qu'elle lui avait dit, la Rimoise ne méritait plus une once d'attention ou au contraire, la jeune femme se sentait-elle trop honteuse pour faire face à sa camarade?
Visiblement, il s'agissait de la deuxième option, à en juger par la façon dont elle avait détourné le regard en se retrouvant face à la brunette; elle devait se sentir honteuse de s'être laissée aller de la sorte et de s'être montrée aussi monstrueuse face à la première personne venue.

Alors que la noiraude souhaitait assurer à sa camarade qu'elle n'avait aucune raison de s'excuser, qu'il était tout à fait normal de dire des choses insensées sous l'effet de la colère, celle ci la coupa nette en lui demandant pourquoi elle ne s'était pas mise en colère après avoir appris qu'elle l'avait utilisée comme un vulgaire objet et entendu toutes ces choses horribles. Elle conclut en déclarant qu'elle ne la comprenait vraiment pas, ce qui eut le mérite de faire sourire la concernée: elle n'était pas la première à lui dire ça, ses nombreuses relations avaient tendance à lui dire ça dans de nombreuses situations, déplorant son altruisme aveugle et sa gentillesse sans aucune limite; pourtant la troisième année ne pouvait se réduire à changer sa façon de vivre et d'agir. Pourquoi ne s'était-elle pas énervée? Etait-ce vraiment la meilleure attitude à avoir ace à quelqu'un qui était littéralement sur le point d'exploser? Non, au contraire, c'était la pire chose à faire que d'hurler sur une personne sur le point de craquer. Rester silencieux, écouter sans un mot ses complaintes, c'était la meilleure attitude à avoir pour calmer les choses. C'était du moins ainsi que la demoiselle aux yeux bleus percevait les choses et jusqu'à aujourd'hui, cette méthode lui avait toujours réussie:

"-Je n'avais aucune raison de m'énerver..." dit-elle simplement sans chercher à entrer dans les détails, un grand sourire aux lèvres "Tout ce que je voulais, c'était que tu te libères de ce poids qui semblait t'étouffer. Rien d'autre..."

Elle repoussa sans rien dire une de ses mèches de cheveux qui, malmenée par le vent, était venue se coller contre sa joue blanche avant de diriger son regard vers l'entrée de la grotte: le temps s'était considérablement amélioré, les lourds nuages noirs furent peu à peu chassés par la brise, laissant place à un ciel d'un beau bleu et au soleil qui, caché derrière son manteau de noirceur, n'avait pas cessé de briller avec éclat et force, le son des gouttes de pluie s'évanouit pour laisser place à un reposant silence à peine dérangé par le bruissement régulier des vagues. Bien, elle n'avait plus rien à faire ici non? Puisqu'elle n'était pour Ritsuko qu'une simple connaissance, elle ne verrait aucun mal à se séparer d'elle n'est ce pas?
Saisissant sans un mot son cabas dans lequel elle vérifia que sa robe, son carnet de croquis, sa serviette et ses crayons se trouvaient bien, elle s'avança sans un mot jusqu'à l'ouverture de la cavité avant de faire quelques pas sur le sable durcit, s'arrêtant après quelques foulées avant de se retourner vers sa camarade:

"-Tu viens Yamada-san? Si tu restes là, tu vas vraiment finir par attraper froid. Il fait bien meilleur sur la plage."

Ses yeux étaient d nouveau joyeux et pétillants ses lèvres tirées en un sourire lumineux adressé à celle qui lui avait dit tant de choses horribles pour lesquelles elle ne lui en tenait pas rancune, qu'elles fussent mensonges ou vérités: elle restait persuadée qu'au fond, la Spicoise n'était pas une si mauvaise personne qu'elle voulait bien le faire croire au monde entier.

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